Site de Léonce BOURLIAGUET

 

L’étang du Touroulet

 

 

 

Cette pièce d’eau de quatre hectares a exactement la forme du lac de Genève. Elle est environnée de belles châtaigneraies ténébreuses. Les surfaces frissonnantes de ses eaux noires et profondes sont par places couvertes de nénuphars d’où émergent à la saison d’admirables calices blancs ou jaunes. La poule d’eau et la grenouille peuplent la jungle de ses bords ; dans les abysses d’eau fraîche, renouvelée par un gros ruisseau qui traverse l’étang, vivent perches et brochets, dont on peut parfois percevoir les chasses silencieuses qui laissent derrière elles des reflets noirs de javelots ou des blancs d’épées. De la carpe, les sauts périlleux à la surface font un flac ! de pavé qu’on lance, au milieu d’ondes qui vont s’élargissant en houle sous les nénuphars. Le repos de cette solitude n’est troublé que par les querelles des poules d’eau, le cri du martin-pêcheur, et, à des moments donnés, par l’orchestre symphonique des grenouilles chantant toutes à la fois. Le reste du temps, le Touroulet demeure immobile et silencieux et sa vie interne n’est trahie que par de grosses bulles de méthane qui montrant des vases troublées viennent en se tortillonnant crever sans bruit à la surface.

 

Quatre du cours moyen